A.F.P.U.Q.

Le cheminement inventif des Saint-Hilaire... (I)


 

Cette page est faite pour les curieux, ceux et celles qui ne se satisfont pas d'une présentation technique, mais qui veulent connaître la petite histoire qui entoure le cheminement de l'invention.

On retourne 20 ans en arrière pour comprendre l'insatisfaction d'une jeune famille de marins à l'égard des moteurs à pistons. C'est l'origine du défi et de la motivation qui les ont conduits à consacrer plus de 10 années à maîtriser la problématique des diverses technologies de moteur et à en élaborer une théorie conceptuelle nouvelle et optimisée à plusieurs égards.

Au sujet des inventeurs

La Quasiturbine est une affaire de famille, impliquant des parents et leurs deux fils. La mère détient une maîtrise à la Sorbonne et veille à l'éducation des deux fils en bas âge. Au terme d'une intense carrière en physique des plasmas, suivie de responsabilités gouvernementales et d'activités de direction pour le compte d'une grande compagnie de transport de gaz naturel. Le père (docteur en physique) rêve d'un congé sabbatique en famille. Ce projet les amènera tous les quatre sur un voilier dans les Antilles pour quelques temps. Les confrontations avec le moteur à pistons avaient déjà été nombreuses de par le passé, mais la famille Saint-Hilaire fut rapidement exaspérée par les ennuis des plaisanciers avec leurs moteurs de toutes sortes : outboards, stationnaires, génératrices, pompes de cale, compresseurs de scuba, trottinettes, tronçonneuses, etc. ... et parfois même les automobiles de location ! Il fallait absolument faire quelque chose ?!

Entre temps, les enfants s'étaient eux aussi surpris à démonter plusieurs vieux moteurs et il n'était pas rare de retrouver des bielles et des soupapes dans leurs boîtes à jouets. Le père Noël leur apportant conséquemment surtout des outils, des livres de mécanique et des trucs de grands débrouillards des hautes mers.

Rassasiée de congés sabbatiques, la famille Saint-Hilaire revient à son pays nordique en 1984 et s'implique dans une agence de publicité et d'éditions. Mais ce défi n'était pas assez turbulent pour nos aventuriers. C'est ainsi qu'ils décident de relancer leur vieux projet d'améliorer les moteurs à pistons et se disciplinent à une longue session de travail en famille tous les dimanches matin... une sorte de rituel des mécanos !

Petit à petit, le groupe a inventorié plus de 1800 brevets d'inventions relatifs aux moteurs et acquiert ainsi un bon aperçu des innombrables redondances conceptuelles. Ils s'intéressent surtout aux concepts et il faut beaucoup de vigilance pour ne pas se laisser emporter par les détails de la mise en oeuvre.
Dans la même période, Gilles Saint-Hilaire (le père) sollicite de nombreux experts en moteurs espérant trouver un érudit en "conceptologie", mais hélas, il les trouve toujours affairés autour de leurs vilebrequins. Impossible donc de leur faire avouer le moindre défaut aux moteurs qu'ils perfectionnent depuis des décennies. Il fallait donc évaluer par eux-mêmes les faiblesses conceptuelles des différents moteurs existants. Une tâche fort difficile, puisqu'on devrait très bien connaître à la fois le comportement des sources d'énergie et les machines qui servent à leur transformation en travail mécanique.

Le modèle théorique du piston

Une aide conséquente des deux fils de la famille : spécialisés en mathématiques, en informatique et en ingénierie ils sont dans une situation idéale pour les impliquer dans l'étude de modèles mathématiques des moteurs à pistons. Guidés par les parents, ils apportent alors une précieuse collaboration aux calculs des profils de pression, des flux d'admission et d'échappement, des profits de couple instantanés, des harmoniques des révolutions, des facteurs d'utilisation des composantes moteur, des contraintes internes, des rapports "surface/volume", et bien d'autres éléments.

De ces calculs surgissent assez rapidement un bon nombre de valeurs qui paraissent loin d'être optimisées et incitent à proposer un centre de gravité immobile durant la rotation (zéro vibration). Mais aussi une meilleure gestion du temps moteur, un jeu de critères sur la multi-fonctionnalité des composants et leurs facteurs d'utilisation, ainsi que l'abandon du vilebrequin, responsable d'une trop grande symétrie dans le mouvement.

Le moteur rotatif

A cette étape l'équipe maîtrise assez bien le concept du moteur à pistons, mais qu'en est-il des moteurs rotatifs et particulièrement du moteur à piston rotatif Wankel utilisé dans les Mazda RX ?
Les jeunes adolescents appréhendaient le calcul du moteur à pistons et ils faisaient pression pour que les parents sollicitent des experts qui pourraient fournir une modélisation toute faite. Après plus de 6 mois de démarches et d'attente, ils constatent que personne ne leur vient en aide et que cette modélisation n'existait peut-être pas. Ce recours épuisé, les deux fils, sans doute sollicités par leur vigilante mère, ont eux-mêmes proposé de bâtir aussi le modèle de fonctionnement du Wankel.
Opération difficile quand on sait que les surfaces effectives de poussée tangentielle sont variables et que les valeurs globales sont toujours des intégrales entre deux points morts successifs.
D'importantes révélations ont découlé des profils calculés de pression, et surtout des intégrales de volumes engendrés par les surfaces de poussées, comparées aux volumes réels en fin de détente.
Ces données indiquaient pourquoi le moteur Wankel était si énergivore, mais encore mieux, elles expliquaient pourquoi le Wankel rejetait autant d'hydrocarbures imbrûlés, pourquoi il ne pouvait pas fonctionner en mode Diesel et pourquoi ces problèmes étaient inséparables dans ce concept moteur.
Fait intéressant, plusieurs des paramètres calculés du moteur Wankel étaient, tout comme pour le piston, loin des valeurs optimales.

Les fascinantes turbines à gaz

Il restait à explorer les turbines à gaz et particulièrement les turbopropulseurs utilisés pour motoriser les hélicoptères, de grandes stations de pompage ou pour la production d'électricité. Ces moteurs comprennent toujours une turbine de compression placée à l'entrée et une turbine de puissance placée à la sortie des gaz. Il fut rapidement constaté que ces moteurs rencontraient parfaitement les critères optimum à la valeur nominale de design, mais s'en éloignaient rapidement hors de ce régime. Un inconvénient de taille, qui oblige les turbines à fonctionner efficacement au voisinage de leur puissance maximale. Comme elles n'ont pas de plage de puissance, elles sont inappropriées aux usages courants comme par exemple le transport routier.

Il n'y avait donc pas de moteur parfait. La preuve était maintenant faite qu'il y avait de la place pour de l'amélioration au sein des moteurs conventionnels. Ils étaient sur la bonne piste. Il ne restait qu'à poursuivre avec acharnement !...

La théorie Quasiturbine

Une fois les analyses numériques complétées sur les moteurs à pistons, le moteur Wankel et les turbines à gaz, il était devenu possible de définir une théorie optimum du moteur moderne, performant, comprenant une longue liste de caractéristiques souhaitables.

Cependant, ils n'avaient pas encore de dispositif à proposer qui puisse rencontrer simultanément le plus de critères théoriques possibles. Ce genre de "quadrature du cercle" n'a pas toujours de solution. Etait-ce possible d'en trouver une qui se rapproche de la solution idéale et qui soit assez simple à réaliser ?

Le dispositif Quasiturbine

La théorie du moteur parfait était là, mais quel était le dispositif qui permettrait de rencontrer simultanément tous les critères de cette théorie ?

Au départ, il était cependant déjà certain que ce nouveau moteur performant ne pourrait pas avoir de vilebrequin, parce que la théorie d'optimisation exigeait un cycle fortement asymétrique. Comme la théorie exigeait aussi un centre de masse ou de gravité immobile durant la rotation (zéro vibration) et que l'approche du moteur rotatif était particulièrement souhaitable - parce qu'il pousse le gaz vers le front d'allumage - les efforts furent orientés dans cette direction, en rejetant systématiquement tous les concepts d'excentricités ou de cames.

Après plus de 3 années de tergiversations, d'idées de toutes sortes, de multiples prototypes en plastique et de longs débats sur la complexité, une solution basée sur un rotor à quatre faces piégé dans un profil en forme de patinoire semblait paraître prometteuse. Cependant, les approximations géométriques étaient loin d'en confirmer la certitude et les calculs à faire apparaissaient fort complexes. Parallélement, des efforts d'amélioration étaient aussi menés sur les turbines à gaz. Ils ramenaient toujours la même question : pourquoi deux turbines (de compression et de puissance) ? Ne serait-il pas possible d'en avoir une seule placée dans un plan, qui agirait alternativement comme turbine de compresseur et comme turbine de puissance ?

Or il apparaissait que pour atteindre cet objectif, les pales ne pouvaient plus être attachées à un arbre central mais devaient devenir des pales pivotantes attachées les unes aux autres comme les maillons d'une chaîne. Heureusement, les deux solutions convergent, elles étaient en fait identiques !

Il n'est pas surprenant donc que la Quasiturbine présente des caractéristiques voisines de celles des turbines, tout en conservant la même plage de puissance que les moteurs à pistons. Voilà un résultat encourageant et prometteur.

Des calculs plus détaillés étaient nécessaires. Après des mois de calculs analytiques infructueux, il apparaissait évident que le profil de confinement recherché n'existait pas mathématiquement.
Etait-ce l'échec définitif ou le problème méritait-il une seconde chance ?

Après une soigneuse révision en famille, il est estimé que si une solution exacte n'existe pas, une solution rapprochée existe probablement. Mais quelle solution et rapprochée de combien ?
Pour le savoir, il faudra renoncer aux méthodes analytiques et prendre une approche de solutions numériques convergeantes sur ordinateur. Encore du travail pour les deux fils de la famille...
Un gros effort qui récompensera toute l'équipe. En effet, pour un rotor d'environ 13 cm de diamètre (5 1/4 po.), l'erreur résiduelle insoluble trouvée est de seulement 0,031 mm (0,0012 po.), soit une simple égratignure sur le plan de la mécanique. L'invention venait de surgir !

Notez ici que la démarche est unique. Contrairement aux autres inventions de concepts moteurs du XXème siècle, qui ont d'abord fait l'objet de construction de prototypes rejetés à posteriori, la Quasiturbine a fait d'abord l'objet d'une évaluation théorique avant même la construction du premier prototype, à la façon de la science contemporaine. Cette différence fondamentale est en bonne partie due à la disponibilité des ordinateurs modernes qui permettent toutes sortes de vérifications et limitent les déceptions ultérieures. Par exemple, le moteur rotatif Wankel n'aurait probablement pas été construit dans le contexte que l'on sait, si des ordinateurs avaient été disponibles pour procéder à une complète modélisation théorique, ce qui aurait permis d'éviter des coûts, et de l'effort inutile ...

Finalement, bien que ce dispositif rencontre pleinement les exigences de la théorie Quasiturbine, il est possible que d'autres dispositifs soient inventés dans l'avenir et rencontrent aussi les mêmes critères. Du point de vue théorique, il n'est donc pas impossible de faire aussi bien avec un autre dispositif, mais pour faire mieux, il faudra peut-être l'aide "d'extra-terrestres" !

Le brevet d'invention

L'année qui suit permet d'explorer la gamme des paramètres qui définissent le dispositif Quasiturbine et de sélectionner ceux qui répondent le mieux aux objectifs de la théorie. Selon qu'on souhaite construire une pompe, un moteur pneumatique ou à vapeur, un moteur à combustion interne, la Quasiturbine peut avoir une apparence fort différente. Il faut aussi développer et préciser l'ensemble des joints d'étanchéité, ainsi que le mécanisme central d'entrainement de l'arbre moteur facultatif.

Il leur faut aussi rédiger le brevet d'invention en tenant compte de valeurs moyennes des paramètres, lequel fut déposé en Décembre 1997 (voir le texte sur le site Internet) et accordé aux E-U le 26 Décembre 2000.

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(I) tiré de l'ouvrage " La Quasiturbine écologique, le meilleur du piston et de la turbine " par Roxan, Ylian, Gilles et Françoise Saint-Hilaire.


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