Formation - Enseignement

Education & accompagnement ...

mardi 4 septembre 2007.
 
Il ne peut y avoir d’éducation sans accompagnement. Et le fait d’accompagner ne peut en aucun cas vouloir dire - uniquement - « indiquer » ; posture qui traduirait plus une réelle impuissance plutôt qu’un véritable partage de l’expérience. La connaissance ne s’acquiert que de manière empirique. Tout comme le Savoir lorsqu’il s’organise en Science.

Ainsi, lorsque l’Institution en place forme des formateurs et autres éducateurs, jusqu’aux « professeurs à chaires », il est à craindre que tous ou alors une très large partie de ceux-là - et très certainement malgré eux -, se contentent de reproduire les schémas issus de leur propre « parcours » et leur formation ; en remodelant, en fonction de chaque personnalité et de chaque individu, la "pédagogie" qu’ils emploient. [1]. Petite précision. Nous savons que la qualification par ses éducateurs des classes en « trois tiers » est toujours un préjugé actuel.

Comment alors admettre qu’un jeune être, en quête de savoir, ne puisse avoir comme réponse que des "textes", des "références", quelquefois contradictoires, et qui par conséquent n’ont donc aucune capacité à influer sur son action et sur son efficacité ? Qui n’a pas vécu de multiples fois cette malheureuse situation, au cours des années d’école, de collège, de lycée ou d’université (y compris dans les « grandes écoles ») ?

Car ceux qui devraient transmettre le savoir sont confinées dans une structure rigide. Au fil du temps il est devenu un « appareil » qui, à la place de donner les moyens et la méthode, afin que les enfants et plus généralement les générations à venir se développement et contribuent pleinement au développement humain, est devenu au fil du temps un "corset" qui contraint bien plus qu’il ne libère.

L’« éducation » est devenue un leurre pour une très grande partie de la population - en général ceux qui font partie de la classe moyenne inférieure et des classes populaires dans leur ensemble.

Ne l’oublions pas. Les apprentissages les plus importants, parce que véritablement socialisants et opérationnels, sont ceux liés à la parole et à la capacité d’exprimer sa pensée avec les mots. Apprendre à parler, à compter et à écrire se font en rapport et en relation à la nécessité et sont donc essentiels à la vie sociale. Il en va de même pour apprendre une langue étrangère. Ceci peut se faire sans avoir recours aux institutions de l’"Education(s) Nationale(s)".

Car toutes ces divergences sont « oeuvre démocratique ». N’oublions pas son slogan : << faire régner la raison dans les rapports entre les hommes >> grâce à l’Education Universelle. On ose même parler des jeunes générations comme héritières de la richesse de la « culture » et du « savoir ».

On peut aussi se référer à la Déclaration Universelle des droits de l’Homme et du Citoyen lorsque elle nous dit : « L’Assemblée Générale proclame la présente Déclaration Universelle des Droits de l’Homme comme l’idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations afin que tous les individus et tous les organes de la société, ayant cette Déclaration constamment à l’esprit, s’efforcent, par l’enseignement et l’éducation, de développer le respect de ces droits et libertés et d’en assurer, par des mesures progressives (...) ».

Ainsi, « L’éducation devrait viser le plein épanouissement de la personnalité humaine et le renforcement du respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales. ».

Qu’en est-il ? Nous le constatons, non seulement l’éducation n’a pas apporté - directement - les bienfaits qu’annonçaient la Déclaration mais, pour le contraire, elle devient de plus en plus contre productive. Y compris pour les « sociétés privées », chancres du libéralisme, qui ne bénéficient pas non plus du réservoir de compétences qui s’y trouvent à un moment donné et qui partent ailleurs dans un autre endroit pour bénéficier de meilleurs outils et de meilleurs moyens en général dont celui de la sécurité et de la considération qu’ils n’ont pas là où ils sont nés.

Il faut répondre cependant d’une manière intransigeante : l’école répond-elle aux besoins des jeunes générations ?

En réalité elle a plus d’un train de retard pour adapter sa « pédagogie » à la jeune population qui n’attend pas « son signal » pour déjà apprendre entreprendre autour de tout ce qui vit. La curiosité de l’enfant agit bien avant son entrée dans la classe d’école.

L’arrivée du numérique et de son « autoroute de l’information » est la preuve éclatante de son retard et tous les « efforts » faits pour apporter les outils requis dans les sciences de l’éducation et pour apporter l’Internet dans toutes les écoles n’ont pas été le fait de l’institution ni même de l’Etat mais très souvent d’initiatives privées. Pire ! Pour pallier à l’inefficacité du système éducatif, des entreprises privées éditent des petits livrets pour réviser (généralement pendant les congés scolaires) et c’est en termes économiques que l’on prend cela en compte. D’autres encore, suppléent à la carence de l’éducation nationale, proposent aux parents des « cours sur mesure » en soutien et se servent même de certains professeurs employés par le secteur public, pour faire marcher leur business.

Le débat autour de l’école pose malgré tout des questions qui semblent fondamentales. Elles le sont sûrement, surtout pour la survie de l’« école » mais pas pour répondre à la demande première des enfants et des personnes qui ont besoin d’être formées.

Ainsi on demande à redéfinir la « mission de l’école ». Mais on s’attends bien sûr à ce que ces valeurs qu’elle aide à transmettre aux jeunes générations soient les mêmes que celles que la République défend ... Là semble se situer « le hic » de toute l’histoire !

L’Education Nationale s’est posé des questions qui l’inquiètent et conditionnent son attitude lorsqu’il s’agit de définir « les missions de l’école [2] :

« ...

• Quelles sont les valeurs de l’École républicaine et comment faire en sorte que la société les reconnaisse ?

• Quelles doivent être les missions de l’École, à l’heure de l’Europe et pour les décennies à venir ?

• Vers quel type d’égalité l’École doit-elle tendre ?

• Faut-il partager autrement l’éducation entre jeunesse et âge adulte et impliquer davantage le monde du travail ?

• Quel socle commun de connaissances, de compétences et de règles de comportement les élèves doivent-ils prioritairement maîtriser au terme de chaque étape de la scolarité obligatoire ?

• Comment l’École doit-elle s’adapter à la diversité des élèves ?

• Comment améliorer la reconnaissance et l’organisation de la voie professionnelle ?

... »

Toutes ces questions ne font qu’entrevoir surtout qu’une saine préoccupation à l’égard des enfants manque cruellement et les lieux d’éveil pour la création font carrément défaut.

Elles nous indiquent plus sûrement le malaise du « système » et de son « appareil idéologique » qui, non seulement n’assure plus au régime le crédit dont il a besoin mais plus encore, réduit son statut à une structure médiatrice entre l’individu et la société... économique et financière qui n’a d’autre but que de contenter le « marché » en produisant et en faisant consommer.

De manière évidente on comprend aujourd’hui que l’éducation (nationale(s)) est dépassée par les événements de la « société civile » qui se constitue dans la mouvance des sociétés « multi-nationales ». Car ces sociétés se divisent. D’un côté elles tirent de plus en plus du côté du « libéralisme » qui cautionne les politiques totalitaires - de l’autre côté une aspiration tournée vers un « alter-mondialisme » qui refuse la croissance et qui prône même la « décroissance ». Ce qui n’est pas, selon ma conception de la situation, une option cohérente à l’heure actuelle (...).

Mais si cela se déroule ainsi c’est parce que de manière logique, le rôle de médiateur « socio-politico-économico-culturelle » est revenu tout naturellement aux médias. La presse écrite, puis radiophonique et bien entendue la très sacro-sainte télévisuelle - celle qui a pris enfin le pouvoir de séduction de telle manière qu’on lui dédie sa place lors de la construction d’un salon. Nous vivons ainsi depuis quelques décennies dans une certaine opulence communicationnelle qui nous prouve que le rôle de l’éducation devient à la fois subalterne et est même supplanté par ce qu’on nomme le « système des média et systèmes éducatifs »

On ne peut que prendre en considération cette situation et tirer quelques conclusions. C’est dans une toute autre direction et une voie nouvelle que doit se diriger la société (civile) si elle veut subvenir véritablement aux aspirations des jeunes générations et ainsi d’être conscients du réel devoir d’accompagnement ; parents, frères et sœurs, maîtres et professionnels doivent mettre en œuvre leurs talents afin de bâtir les structures de ce possible avenir.

Car après tout la pédagogie [3] n’est rien d’autre que de savoir accompagner l’enfant sur le lieu de son exercice, de son enseignement.

Mais ne croyez pas que cela sera possible sans opérer un véritable changement de paradigme !

On le pressent lorsqu’on observe attentivement le mouvement « mondialiste » ou « alter mondialiste » qu’il nous montre de manière brute que le monde doit entrer en coopération afin de ne pas faire exploser la planète. Le socle de notre seul bien commun. De la vie, et de notre existence.

[1] Pour Pierre Bourdieu : la classe sociale dominante se reproduit par méritocratie interposée pour constituer cette noblesse d’Etat si décriée par ailleurs.

[2] La Commission du débat national sur l’avenir de l’École a travaillé pendant treize mois.

Son activité s’est achevée le 12 octobre 2004 avec la remise au Premier Ministre de son rapport intitulé "Pour la réussite de tous les élèves".

[3] Pédagogue, du latin paedagogus, en grec paidagogos de pais, paidos, enfant et agein, conduire. En réalité il s’agissait du travail donné aux esclaves qui accompagnaient les enfants d’une famille sur le lieu de leur entraînement (enseignement)



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