Socrate

dimanche 5 novembre 2006.
 

Condamné vers - 399 pour impiété et corruption de la jeunesse, Socrate boit la ciguë après avoir passé ses dernières heures à disserter avec ses amis.

Interdit d’enseignement sous le Régime des Trente, Socrate s’était attiré la haine en remettant en cause certaines traditions religieuses.

Tout d’abord il faut revenir sur une idée relativement fausse ; Socrate n’est pas le fondateur de la philosophie, comme on le prétend parfois. Avant lui il eut Pythagore, Thalès, Empédocle, Parménide et Héraclite d’Ephèse.

En revanche, Socrate est le fondateur du logos (discours), c’est à dire d’une pensée rationnelle et cohérente, qui se libère progressivement du mythe. Il se méfiait de l’écriture et son enseignement fut donc exclusivement oral.

Tout ce que nous savons de lui nous vient donc des témoignages des autres, le plus important étant celui de son élève, Platon.

Socrate naît en 469 av. J. C., au bourg d’Alopèce. Son père est un sculpteur, Sophronisque, et sa mère une sage-femme, Phaenarète. Certains ont prétendu qu’il était esclave, sculpteur et lui ont attribué les Grâces de l’Acropole.

Il se maria au moins une fois avec la proverbiale Xanthippe dont il eut pour fils Lamproclès. Il dansait, jouait de la lyre et le Phédon nous le révèle poète. Il prétendait agir sous les ordres de son démon.

Socrate était sédentaire, à la différence des philosophes de l’époque qui faisaient plus ou moins leur tour de Méditerranée afin de s’instruire - comme ils feront leur tour d’Europe du XVI° au XVIII° siècle - Socrate ne quitta Athènes que pour la défendre contre les Perses à Delion (où il sauve Xénophon, un historien grec) et à Potidée, ainsi que pour consulter l’oracle de Delphes.

Cet oracle l’aurait profondément troublé. Sur le fronton du temple de Delphes était inscrit le fameux " Connais-toi toi-même " et l’oracle lui aurait dit : " Socrate est le plus sage des mortels ".

Socrate y voit le signe d’une mission divine et ira désormais dans les rues, interrogeant les gens : tous croient savoir quelque chose mais ne savent pas qu’ils ne savent rien. Lui au moins sait qu’il ne sait rien et c’est en cela qu’il est le plus sage des mortels.

Socrate montre aux hommes la naïveté de leurs croyances.

Socrate vécut sous la tyrannie des Trente, les trente tyrans que Spartes imposa à Athènes vers 404 av. J. C., lorsqu’Athènes fut vaincue lors des guerres du Péloponnèse. Les Trente, selon Xénophon, lui interdirent d’enseigner la rhétorique.

Après la fuite des Trente (404 av. J. C.), il ne lui restera que 5 années à vivre. Trois " bons " citoyens le dénoncèrent comme impie, introducteur de divinités nouvelles et corrupteur de la jeunesse. Ils demandèrent sa mort et l’obtinrent des juges. Socrate s’était défendu avec une ironie qui passa pour de l’arrogance [1].

Pour des raisons religieuses, la peine ne fut pas exécutée de suite. Il ne manqua donc à Socrate ni la possibilité de l’évasion, qu’il refusa, ni les entretiens ultimes avec un petit noyau de fidèles.

En 399 av. J. C., il boit la ciguë.

Socrate reste quelqu’un d’énigmatique. Il apparaît en effet tour à tour sérieux et bouffon, maître de lui et démonique, doux et violent, religieux et libre penseur, ascète et banqueteur, aristocrate et démocrate, sophiste et anti-sophiste, terre à terre et idéaliste.

Sur sa formation intellectuelle, nous ne savons rien de certain. Si l’on ne retient pas l’hypothèse qu’il fut esclave, il fit de la gymnastique, de la musique, de la géométrie (dont il recommande l’étude) et de l’astronomie. Des hypothèses qui ne sont pas certaines, le font élève d’Anaxagore ou disciple du cosmologue et physicien Archelaüs. C’est de lui qu’il se serait détaché pour s’attacher à la philosophie morale. Il n’a sans doute pas rencontré Parménide et avoue ne rien comprendre à Héraclite.

Selon Aristophane, il aurait aidé Euripide. Il a fréquenté des sophistes : Protagoras, Hippias, Polos, Prodicus de Céos. Il a dû discuter sur les fondements du droit avec Thrasymaque. Enfin, parmi ses auditeurs, il y eut Platon, encore trop jeune pour exercer sur son maître quelque influence.

Lors de sa condamnation, il eu la possibilité de proposer une peine alternative à la mort afin de laisser ses juges choisir laquelle serait la plus appropriée. Refusant de compromettre ses idées, il demanda à être honoré par la cité. De même, il n’acceptera pas de s’enfuir, jugeant la soumission à la loi comme un fondement de la justice. Socrate sera rapidement réhabilité et honoré après sa mort tandis que ses accusateurs seront exilés. Sa pensée et son acceptation de la mort au nom de la loi marqueront les esprits pendant des siècles.

[1] voir Apologie de Socrate de Platon



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